Les enfants des membres de "Nasjonal Samling", le parti de Vidkun Quisling, ont eu du mal à se rencontrer, à se regrouper. Autant nos parents avaient-ils réussi à constituer une association sécurisante et forte, opérant pendant les années de guerre comme pendant les années difficiles de l'après-guerre, autant nous, les enfants, avons-nous fui ce milieu jusqu'à ne plus connaître aucun enfant NS en dehors de ceux de notre propre famille.
En 1949, nos parents fondèrent "Forbundet for sosial oppreisning" (Société pour une réhabilitation sociale), avec un journal hebdommadaire, "Folk og Land" (Peuple et Patrie), qui faisait le lien entre les anciens NS disséminés dans le pays. En 1971, l'organisation changea de nom et prit celui de INO (Institut pour l'histoire de l'occupation de la Norvège).
En 1988, un journaliste contacta cet Institut pour interviewer quelques enfants NS. Dix enfants furent choisis par l'INO, et tous, sauf une, Bente Blehr, domiciliée à Asker, voulurent garder l'anonymat. Il fut donc impossible aux autres enfants NS de contacter les interviewés. Aujourd'hui encore (en1996), nous n'en connaissons que le nom de trois ou quatre. Ces entretiens furent réunis en un recueil et parurent sous le titre de "Né coupable".
En 1991, sous son propre nom, Eystein Eggen, résidant à Oslo, écrivit dans le quotidien Aftenposten un article intitulé "La génération perdue". Peu de temps après nous nous rencontrâmes dans mon appartement à Oslo, et un premier groupe autonome fut vite établi. Nous étions quelque dix personnes, toutes nées entre 1942 et 1950, à nous rencontrer régulièrement, et à passer, quelquefois en privé, d'autres fois dans un restaurant calme, beaucoup de temps à nous présenter les uns aux autres, à raconter chacun notre histoire personnelle. Avec chaque nouvel arrivant, il fallait recommencer, avec une question nécessaire qui revenait toujours : "Quel est ton pire souvenir comme enfant NS ?"
L'élargissement du groupe s'avérait difficile. Certains arrivaient avec une histoire passionnante, mais pour ne plus jamais réapparaître. D'autres restaient silencieusement assis, ne sortant pas entièrement de l'armoire. Le contact s'approfondissant entre Eystein Eggen et moi, à certaines périodes nous nous téléphonions tous les jours pour discuter du groupe, de notre propre situation, de nos progrès au point de vue moral et psychologique. Pour lancer la conversation nous avions plusieurs thèmes forts, comme l'incompréhension entre les générations, l'holocaust, notre propre sentiment de culpabilité.
Ce fut au printemps 1993, lors d'une promenade dans le Parc de Frogner à Oslo, que nous formulâmes enfin la question :
"Un enfant peut-il naître coupable ?"
La réponse s'imposa d'elle-même :
"Non !"
Dès lors nous abandonnâmes tout effort d'expiation. Il nous fallait au contraire rechercher une appartenance normale à la société. Au mieux, la guerre n'était pas notre affaire. Pourquoi ne pourrions-nous pas mettre entre parenthèses la vie tumultueuse de nos parents et "descendre directement" de nos grands-parents ? La plupart de ceux-ci n'avaient pas été NS, ils pouvaient donc légitimer notre place dans l'histoire des générations. Nous étions et nous sommes des Norvégiens à part entière quoiqu'en puisse dire la propagande vengeresse des anti-nazis, et quoique nous puissions ressentir nous-mêmes.
Cette révélation qui s'imposa à nous lors d'une promenade dans un parc ensoleillé peut paraître absurde dans sa simplicité. Mais pour les enfants NS tant de choses sont absurdes...
Eystein Eggen avait, dès 1990, songé à écrire son autobiographie. Grâce à notre groupe il élargit son projet et s'efforça de réintégrer dans l'Histoire l'ensemble des enfants NS. Son livre parut en 1993 sous le titre de "Gutten fra Gimle" - Le garçon de Gimle. (Gimle était le château des dieux dans la mythologie nordique. C'était aussi le nom de la résidence de Vidkun Quisling sur la presqu'île de Bygdøy dans le fjord d'Oslo, une bâtisse sur socle de granit rustique d'où s'élève une tour "romane" impressionnante). Quelque soixante-dix enfants NS sont mentionnés dans ce livre sous leur nom véritable.
Eystein Eggen est historien et sociologue, avec les vieilles fermes norvégiennes comme spécialisation. Dans "Gutten fra Gimle" il met tout son savoir à expliquer le mouvement NS à travers les aspirations et la culture des vieilles familles propriétaires de ces fermes moyenâgeuses. Il nous fait comprendre comment ces familles ne pouvaient pas rester amorphes à une époque quand Arbeiderpartiet, le Parti Travailliste, progressait avec ses slogans "Vive la dictature prolétarienne !" et "Exterminez la classe bougeoise !". Le prétendu fascisme norvégien, le mouvement NS, n'est pas une politique diabolique importée du continent. Il est enraciné dans l'Histoire du pays, et si le diable s'en est mêlé, c'est qu'il s'agit d'un diable norvégien, d'un troll.
Le nationalisme norvégien s'éveilla au XIXe siècle, porté par des personnalités romantiques comme Edvard Grieg et Bjørnstjerne Bjørnson. Le parti politique "Venstre", fondé en 1884, allait canaliser l'esprit national et devint le parti dominant vers la fin du siècle. La politique de Venstre aboutit à l'indépendance d'avec la Suède en 1905. Le grand-père de Bente Blehr, Otto Blehr, était à cette époque Premier Ministre. Celui d'Eystein Eggen et le mien étaient "venstremenn" ("hommes de Venstre"). De Venstre à NS, il y avait une continuité à travers les vieilles familles rurales. Sans être membre de NS, mais inspiré par son vieil enthousiasme pour Venstre, Knut Hamsun soutenait le programme de ce parti.
Même si c'est l'esprit conservateur de famille qui est l'objectif principal du "Gutten fra Gimle", Eystein Eggen marque aussi une ligne de front contre l'héritage national du "Venstre" là où cet héritage quitta son fondement local et se transforma en un racisme pan-gérmanique général. Nous les enfants NS avons souvent un sentiment qu'il a été plus important d'annihiler les vieilles familles que d'abattre le nazisme en tant que tel. Eggen souligne qu'il y avait dans la famille de son père, en dehors d'un soutien spectaculaire au NS basé sur un romantisme national traditionnel, aussi une tendance plus raciste, qui entre autre conduisit et le père d'Eggen et un cousin de son père à se succéder comme directeurs de l'édition norvégienne de "SS-Leitheft", le magazine de l'organisation qui organisa l'holocaust.
L'histoire des enfants NS n'est pas coupée de l'Histoire du pays. Le réétablissement de notre filiation à cette Histoire est le motif central du livre d'Eystein Eggen où plusieurs chapitres sont consacrés à une profonde analyse sociologique de la famille Hov : depuis le Moyen-Age, cette famille n'a cessé de résider sur la ferme première de Hov, dans la vallée de Gaula. Trente membres de cette famille, dont la propre mère de Eggen, furent condamnés en 1945 pour adhésion à NS.
"Gutten fra Gimle" suscita de multiples critiques, pour la majorité excellentes. Grâce au livre d'Eystein Eggen, notre groupe initia des débat dans plusieurs journaux, et peu à peu le terme de "NS-barn" (enfant NS) en vint à s'établir dans les médias.
Le 17 février 1995 je célébrai le livre d'Eggen dans l'article "Le jubilé et les enfants des perdants", qui couvrit une page dans le journal Dagbladet.
Quatre jours plus tard je reçus une réponse présentant des excuses aux enfants NS pour le traitement qui leur avait été infligé. Cet article était signé par la fille d'un professeur résistant mort en 1944.
Le 8 mai 1995, le jour de la célébration de l'armistice, et le roi Harald V et la Présidente du Parlement (le Storting), Mme Kolle Grøndahl, constatèrent l'injustice qui frappa les enfants NS lors de l'épuration d'après-guerre. La Présidente lut le texte suivant devant une salle pleine :
"Et, aujourd'hui, nous voyons plus clairement qu'il y a eu des souffrances des deux côtés du front. C'est aussi une des raisons pour lesquelles aujourd'hui tous les Norvégiens ne participent pas pleinement à notre joie. Je pense ici à ceux qui ont souffert parce que leurs pères avaient choisi le mauvais côté pendant la guerre, et à ceux dont le père était un soldat allemand. Cinquante ans après, nous devons aussi pouvoir dire que le tribunal de la populace, qui pendant les journées de la libération a puni les maîtresses de la croix gammée, ne compte pas parmi les chapitres les plus honorables de notre histoire d'après-guerre."
Le même jour, à la meilleure heure d'écoute sur la chaîne 3, trois personnes de notre groupe participèrent à un documentaire télévisé intitulé "Les enfants des perdants".
Il nous fallut mettre la tunique de Nessus et lutter contre une société qui pendant tant d'années nous avait annulé de l'histoire.
Notre propos devint le nouveau sujet du jubilé. Nous créâmes une ouverture.
Parmi les destins de guerre en Norvège nous avons environ 10 000 enfants nés d'un amour entre des jeunes filles norvégiennes et des soldats allemands. En 1945 les enfants ont été rejetés comme une progéniture de l'occupant, décriés comme "enfants de Boches", par les médecins officiels à l'époque reportés comme de potentiels soldats d'une cinquième colonne à cause de leur gènes nazis. De l'extérieur les "enfants de Boches" ont été tourmentés par la haine rugissante du temps de la paix, de l'intérieur leurs âmes ont été mangées par l'angoisse d'être nazis. Malgré tout le promoteur Per Löhr Meek réussit avec d'autres "enfants de Boches" de fonder, en 1986, "l'Association norvégienne des enfants de guerre". L'Association eut tôt une scission, l'héritière dynamique étant "l'Association norvégienne des enfants de guerre Lebensborn", menée par le dévoué et intrépide Tor Brandacher. Son initiative de poursuivre en justice l'Etat norvégien a provoqué en 2000 une percée médiatique à travers le monde. Un pionnier dans le travail pour assister les gosses a été ma cousine lointaine Ragnhild Klüwer Führer, elle-même une "maîtresse de la croix gammée". De son adresse à Berlin, elle a aidé beaucoup d'enfants à trouver leurs pères inconnus.
En 1999, les "enfants de Boches" - ils se dénomment maintenant "enfants de guerre" - manquent une base dans l'histoire. La plupart d'eux ne désirent pas simplement une rémunération pécunière pour une enfance perdue, ce que "l'Association norvégienne des enfants de guerre" a mis en avant comme leur cause majeure. Ils désirent de l'acceptation, de l'intégration, avec une absolution de l'angoisse comme corollaire. Seules nos vieilles familles germanophiles sont capables de donner á ces enfants de guerre la paix dont ils rêvent. Eystein Eggen donne dans "Le garçon de Gimle" une déscription profonde des anciens liens culturels qui attachent la Norvège à l'Allemagne. Plus de cinquante ans après la guerre, nos familles riches de traditions, appuyées par la Norvège socialement consciente, doivent savoir donner à nos "enfants de Boches" un foyer familial véritable.
Plus de cinquante ans après notre grande guerre civile en Europe, et à l'aube du troisième millénaire, nous, les enfants NS, nous nous trouvons au coeur même des forces qui de nouveau s'opposent. Un vide est apparu au sein de l'Europe quand le plus grand projet du siècle - la dictature prolétarienne - s'est effondré sous nos yeux stupéfaits. Idées et croyances se précipitent pour habiter cet espace libre. La contre-révolution avance inévitablement, portée par la nécessité historique. Les Blancs ont de facto conquis le siècle, et ils s'opposent maintenant aux Rouges qui eux paraissent bien délavés. D'un point de vue militaire, les Blancs n'ont plus d'ennemis. D'un point de vue culturel, la lutte s'engage entre les traditionalistes et les modernistes, ces derniers appelés aussi libéralistes ou sociaux-démocrates.
Se trouvant à la croisée de ces forces renouvelées, beaucoup d'enfants NS sont nécessairement en proie à de profondes dépressions. La situation peut devenir suicidaire, ceci du fait des adversités que nous avons connues tout au long de notre vie combinées à une recherche chaotique de notre identité. Nous, les enfants NS, nous devrions tout au moins pouvoir compter sur l'aide de nos parents. Mais l'incompréhension bien connue qui existe entre les générations nous joue ici un tour. Depuis le début de la vie humaine sur terre, il est logique et juste que les enfants s'opposent avec force à leurs parents, se montrant ainsi dignes de les remplacer et, le moment venu, d'endosser leur pouvoir et leur autorité . Un mépris colossal semble avoir ici remplacé une saine rivalité, dont la base même est le dialogue. La défaite magistrale de 1945 a eu des effets traumatisants sur le «jeu» naturel qui assure la succession des générations.
Quand en 1993 Eystein Eggen écrivit «Le garçon de Gimle», le premier livre d'Europe entièrement conçu et réalisé par un enfant NS, l'auteur ne reçut pas un seul écho favorable de la part de la génération parentale. Et nous-mêmes, les responsables du groupe «Foreningen av norske NS-barn», avons jusqu'à ce jour été totalement ignorés autant par l'INO que par toute autre association d'anciens combattants. Tout au contraire, nous n'avons rencontré qu'hostilité et sabotage. Les membres du NS en vie encore se sont plus intéressés aux historiens et aux skinheads qu'aux explications historiques. Pour le mettre au clair : Le milieu norvégien du NS de l'année 1998 ressemble beaucoup plus au SS qu'au NS dont nous gardons le souvenir de notre enfance. Les jeunes soldats du Waffen-SS vivent, et les vieux propriétaires fermiers du NS sont morts.
En mai 1996, par le biais de Sæter, son agent septuagénaire responsable du recrutement parmi les jeunes, l'INO essaya de faire basculer notre groupe en organisant un rassemblement d'enfants NS dans la ville d'Arendal au sud d'Oslo. L'idée de l'INO était de créer une association de jeunes en tout fidèles à leurs parents. Trois enfants NS furent formellement désignés pour réaliser ce projet : ils allaient ainsi légitimer la réunion en laissant croire qu'elle avait été organisée par les enfants eux-mêmes. Mais ces organisateurs n'avaient aucune adresse et se virent dans l'obligation de se servir des listes d'adresses des membres de l'INO. Les parents, âgés de 80 ans ou plus, allaient se charger de remettre à leurs propres enfants l'invitation à cette réunion. Le message était clair : les enfants NS ne devaient en aucune façon s'imaginer qu'ils avaient quelque chose à dire indépendamment des vétérans, de leur énergie et de leur initiative. Nous approchons le coeur même de la psychologie des perdants quand les parents veulent revivre leur jeunesse à travers leurs enfants soit en les "intériorisant" soit en les ignorant. Les quelques rares enfants qui manifestent de l'indépendance sont durement remis à leur place et méprisés.
La guerre est un volcan créateur de mythes qui jaillissent tels des torrents de lave. Les descendants des guerriers n'ont ni forme ni poids; ils n'ont pas la force de contrecarrer les «vrais» guerriers. Mais nous, les enfants NS, après une guerre qui dura cinq ans, voici 45 années que nous luttons. Nous nous sommes trouvés engagés dans un combat continuel : contre la société, contre nos parents et contre nous-mêmes.
La réunion d'Arendal, le 11 novembre 1996, fut un échec total. Après plus de huit mois de préparation, la génération de nos parents n'a pu réunir que dix enfants. Aucun des propres enfants des membres de l'INO ne s'y est présenté. En revanche, trois personnes de notre groupe «Foreningen av norske NS-barn» y sont allés. Outre les trois organisateurs, quatre enfants NS seulement se sont présentés; quatre sur plus de cent mille que nous sommes à travers le pays !
Quelque chose de profondément naturel est en train de se passer entre les anciens membres de NS et leurs enfants. Après cinquante ans, chez les enfants NS, ce sont maintenant les forces saines de cette génération qui s'imposent : nous sommes en train de vaincre les mythes guerriers; et les forces dominatrices anormales, avec leur côté psychopathique, se transforment en tics de vieillards. Les vieux peuvent dorénavent prendre dignement une retraite bien méritée. Dans les vieilles familles européennes, une génération enfin adulte prend conscience de sa place.
Pourtant, la paix dans la famille n'est pas complète en cette année de 1998. Beaucoup d'enfants nazis à travers le monde ont été psychiquement dominés par leur aînés qui transfèrent leur angoisse aux plus jeunes. Cette génération intermédiaire, née dans les années trente et avec des souvenirs de "l'ère glorieuse", essaye maintenant de nous maintenir en tutelle. La génération intermédiaire ignore nos efforts pour nommer nos fardeaux psychiques. Ils cherchent à dépasser leurs pères en acte héroïque en soulevant leur lance contre le capitalisme mondial et le judaïsme. La génération intermédiaire s'est alliée avec quelques jeunes férus d'antisemitisme, et ils gèrent un magazine anachroniquement nazi à Elverum, un ancien village au nord d'Oslo, autrefois un fier centre NS. Leur passion frénétique pour sauver le monde, d'une force dépendante des mythes de la deuxième guerre mondiale, engendre nécessairement de l'angoisse.
Sur le Continent européen, la poussière de la Seconde Guerre mondiale souffle encore plus qu'en Norvège. En Allemagne, les vétérans de cette vieille guerre ont réussi, en avril 1998, d'établir une alliance avec les skinheads. Grâce à son influence dans les médias par son argent, le vieux radoteur Gerhard Frey a pu mobiliser les adolescents frustrés en manque d'identité pour porter les drapeaux et étendards du passé. Les enfants NS allemands deviennent non-existants dans ce carnaval soldatesque. "Le trou noir" dans l'histoire de l'Allemagne, l'époque hitlerienne, dont les historiens "humanistes" se servent, est repris par les vieux nazis et transformé en un utérus post-natal pour pouvoir cacher leurs propres enfants. Ainsi le carnaval peut avancer. Le but du travail pour les enfants que les membres de l'INO en Norvège ont entrepris, est d'établir un parti genre "Deutsche Volksunion" (le DVU) en Allemagne, c.-a.-d. l'histoire sous forme d'étendards portés par des skinheads. Les vétérans ont besoin de nous comme adhésif entre eux-mêmes et les jeunes farouches. Grâce à notre organisation ils n'ont pas pu réaliser ce plan en Norvège. Ils n'arrivent pas à contrôler des enfants qui, après un réveil génératif, exigent de mener leur propre vie.
L'intransigeance dans la lutte contre les vétérans a été marquée par le fait que nous avons eu peu d'alliés. Chaque fois que nous avons été interviewés par les médias, nous avons remarqué combien les journalistes représentants de la gauche caduque pathétiquement impliquent que c'est nous, les enfants NS, qui représentons un problème et pas les vieux nazis. Les marxistes se cramponnent à l'espoir d'une hégémonie spirituelle continue après la chute de la muraille. Pour eux, c'est tellement commode de continuer leur marche titubante en se servant des enfants NS comme béquilles, car "les enfants NS représentent la pire menace contre la démocratie norvégienne aujourd'hui", comme le dit quelqu'un de totalement épuisé - un intellectuel de gauche.
Simultanément à ces entraves nous avons les attaques des plus proches dans nos familles. L'oncle d'Eystein Eggen, Arnljot Eggen, ecrivit en 1996 un contre-livre au Garçon de Gimle, où l'histoire familiale des Eggen est entièrement voilée par un écran de fumée. (Eystein Eggen a écrit un essai analysant ces tentatives de refoulement, qui figure sur notre page norvégienne.)
En plus de ces épreuves on a les historiens, pris d'une passion révisioniste plus ou moins grande, qui de nouveau vont écrire sur les événements qui eurent lieu au temps quand nos parents étaient jeunes. Nous avons pris nos précautions dans les statuts de notre organisation en excluant de nos activités les académiciens en histoire contemporaine.
Le besoin de transférer sa propre angoisse du nazisme sur les enfants, est retrouvé dans le secteur de la culture. Pendant les années précédantes le Garçon de Gimle, l'éditeur d'Eystein Eggen publia l'oeuvre maîtresse des anciens nazis norvégiens : deux volumes épais sur Vidkun Quisling. Un vrai troupeau d'historiens révisionnistes paissent depuis des décennies sur les maigres pâturages des perdants. Une caste professionnelle médiatique s'est faite sensationnelle et intéressante en présentant les anciens points de vue de nos parents. Ces historiens ont été un fiasco total. Ils ont été politiquement rejetés. Ils sont des intrus dans nos familles. Ils rouvrent d'anciennes plaies, sans savoir les guérir.
La forte résistance norvégienne contre EU est un défi. Le parti agrarien, Senterpartiet, professe un nationalisme qui n'est pas clairement distingué de celui que le parti célébrait quand il naguère était associé avec le NS, et il s'appuie sur les poutres vermoulues du marxisme. Eystein Eggen peina pendant vingt ans dans le parti agrarien pour trouver un alliage politique entre le passé et le présent, avec les enfants NS comme un catalysateur. Le parti agrarien profita énormément des efforts d'Eggen. Cela leur donna du courage à établir un gouvernement sur la question de la UE. Depuis que le Senterpartiet est au gouvernement, il discrimine Eggen honteusement parce qu'Eggen appelle un chat un chat. Eystein Eggen a réagi en renforçant son engagement social et sa volonté d'une réconciliation générale : il est entré dans le Parti Travailliste, le parti qui fusilla Vidkun Quisling.
- dans la littérature :
"Et c'est la honte de l'Allemagne, la grande honte de la génération de la guerre, et elle a passée en héritage aux enfants et aux petits-enfants du temps de l'après-guerre, et cette honte ils vont traîner avec eux aussi dans le siècle prochain et la tenir élevée comme un miroir où les grimaces de la brutalité et du nazisme soient distinctes et bien compréhensibles."
(De la collection d'essays norvégienne "La lumière enterrée" de Oddmund Hagen, 1998)
- dans la critique littéraire :
"Peut-être les vulgarités réaccionnaires et les innocences affreuses de Hamsun soit le plus proche que nous puissions arriver le noyau fictif du archi-Norvégien, entouré de primitif gérmanisme pseudo-moderne et de révolution droitière avant-gardiste."
(De la revue littéraire Agora, Édition Aschehoug, Oslo 1999)
Beaucoup d'enfants NS en Europe viennent d'un milieu catholique. Certains parmi nous furent catholiques quand nos pères se convertirent dans les camps de prisonniers après 1945. Quelque chose s'est passé avec l'Eglise catholique depuis cette époque. "Les enfants NS n'ont pas de problèmes par rapport aux problèmes des immigrés" - est la déclaration courante que nous rencontrons du côté de l'Eglise. Que nous sommes des réfugiés dans notre propre pays, convient à l'Eglise aujourd'hui. Car elle essaye de cacher son amour antérieur pour la diversité des peuples de la terre, sa pratique antérieure d'un catholicisme nationalement fondé. Sa nouvelle manœuvre politiquement correcte conduit à quelque chose d'aussi absurde que l'Eglise catholique internationale attise les conflits entre les peuples, entre les groupes éthniques, non seulement au delà des frontières, mais aussi au delà des continents. L'Eglise, autrefois si fière, cherche honteusement à paraître correcte vis à vis les milieux modernistico-mondialistes. L'Eglise se permet néanmoins de soutenir la libération du pays catholique le Timor Oriental. L'Eglise ne devrait-elle pas maintenant découvrir que le drapeau du Tsar flotte sur l'Empire Soviétique déchu ? Qu'une libération concerne tous les peuples, y compris les enfants NS et les enfants communistes ? Bien entendu l'Eglise catholique ne voit pas que nous avons des problèmes. Nous sommes le problème de l'Eglise. L'Eglise catholique transfère sa propre peur du nazisme sur nous les enfants tant qu'Elle est trop couarde pour travailler son propre passé nazi.
Une organisation internationale, comme l'Eglise catholique, se fonde par définition sur les nations. Une société mondiale pluriculturelle devrait se fonder sur les cultures. L'intention est-elle que les Droits de l'Homme, en focusant sur l'individu, dissolvent ces anciennes constructions belles et raffinées - en sorte que nous obtenions un immense océan terrestre d'individus ? En ce cas, quelle politique l'a décidé ? Et le droit d'appartenance, qui le défend ? Quand les marxistes ont perdu le combat intellectuel du siècle, est-il alors nécessaire que les chrétiens marchent dans les traces des perdants ?
Si c'est le cas que le Concile Vatican II fut réalisé par des forces laïques, c'est aussi juste de dire que les mêmes forces favorisèrent les aspirations des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale. Les familles nazies et fascistes en Europe furent particulièrement dans les années 60 définies comme des noyaux du mal. Les perdants étaient seuls coupables de la guerre et de la cruauté de la guerre. Quand le gazage des 6 millions de Juifs dans les années 60 reçut le nom de "Holocauste" et le mal suprème de l'histoire de l'humanié fut localisé, les familles nazies eurent un rôle particulier à jouer dans la démocratie des vainqueurs. Les familles constituèrent la topographie sociale du mal. Elles substituèrent le Satan métaphysique. Les aspirations des enfants nazis d'échapper à la satanisation ne furent pas transmises au Concile.
Un concile éclésiastique de courant laïc n'auraient pu trouver un pire moment pour exécuter une réforme de l'Église - supposant qu'une direction démocratique fût l'idéal. Les enfants nazis et fascistes avec les enfants de tous les adhérents de la contre-révolution constituaient la moitié de la génération européenne d'après-guerre, la seconde génération de la guerre. Grâce au Concile Vatican II l'impasse des enfants nazis reste un thème non-existant dans l'Église Catholique.
Le slogan tristement horizontale de la Révolution Française : "liberté, égalité, fraternité", toujours en usage dans nos pays de l'Ouest, a, par le résultat tragique des efforts révolutionnaires du siècle dernier, provoqué de l'indifférence, du froid, de la haine, parmi des millions d'Européens. La jeunesse européenne, et les enfants NS, ont besoin d'une devise bien plus chaleureuse : "Foi, Amour et Ancrage".
En 2000 nous, les enfants NS, savons que notre propre crise est profondément liée à une crise de valeurs à niveau européen. Une attention concentrée sur les droits de l'homme, l'anti-racisme et la démocratie ne peut pas seule aider les Européens à se libérer des traumas de la grande guerre civile. Après la guerre, les perdants ont été diabolisés et refoulés, un procès auquel les perdants eux-mêmes ont participé. Une démocratie ne supporte pas de diabolisation et de refoulement. Les enfants NS comme tabou européen montrent les limites de la démocratie. Les utopistes de gauche et les enfants NS refoulés appartiennent aux mêmes familles. Une réconciliation libère des forces civilisatrices. Des forces irrationnelles enlèvent l'Europe. Nous devons saisir le taureau par les cornes.
Après cinquante ans de banalisations socio-scientifiques et d'abstractions humanistico-universalistes, et après que le fournisseur principal d'idées aux intellectuels de l'Occident - l'empire communiste - a déclaré faillite, la contre-révolution doit nécessairement se faire en Norvège comme dans le reste de l'Europe. Il est temps de redonner à notre jeunesse le goût de la lutte pour un idéal. C'est l'intérêt que nous portons à l'Histoire qui a fait nos pays, et donc le respect de nos ancêtres qui ont lutté pour les idéaux et les modes de vie de nos peuples, c'est une foi renouvelée dans la possibilité d'un équilibre entre la société et la nature, entre les cultures et les peuples; c'est cela qui doit constituer un fondement pour la Jeunesse. Depuis la Révolution d'Octobre 1917 le modernisme a fait éclater notre société séculaire. L'esprit conservateur a été injustement compromis depuis 1945. Nous, les enfants NS, nous savons ce que coûtent l'éclatement et l'absence de repères. Nous désirons mieux pour les jeunes d'aujourd'hui, pour ceux du troisième millénaire.
Le traditionnalisme et conservatisme européens ne peuvent être sauvegardés que par une révolte des enfants NS contre les mêmes traditionnalisme et conservatisme. Ce paradoxe nous est devenu de plus en plus clair, non le moins par notre rencontre féconde avec le traditionnalisme juif.
A l'heure actuelle, nous sommes en liaison avec environ 200 enfants NS. Les personnes formant le noyau de notre groupe sont les suivantes :
Bente Blehr, Asker.
Terje Olav Rød, Oslo
Lorentz Diederich Klüwer, Oslo
Eystein Eggen, Oslo.
Ole Wilhelm Klüwer, Oslo.